Nous reproduisons ici, un extrait du dossier de La Vie Catholique sur les Journées Mondiales de la Jeunesse 2023. Comment mieux accompagner ces jeunes qui iront aux JMJ à Lisbonne en août prochain afin qu’ils portent les fruits de cette expérience ? La parole au père Jean-Michaël Durhône, délégué épiscopal de la Pastorale des jeunes et du SDDC.

On entend souvent dire : où sont les jeunes qui ont fait les JMJ ? Ils étaient bien emballés pour y aller, mais après, on ne voit pas forcément plus de jeunes engagésdans la paroisse… Pourquoi ?

Je crois avant tout que ce jeune a vécu une expérience qui l’a marqué… mais comment continuer à maintenir cette flamme ? Il est im- portant d’aller vivre les JMJ, mais si le jeune ne réalise pas que le pape l’envoie en mission dans son pays et qu’il reprend son train-train quotidien, c’est faire comme le disciple Pierre lors de la transfiguration : « Il est bon que nous soyons ici, dressons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. »

Le Seigneur, lui, nous dit : descends, prends ta place dans la société, vis ta vie de baptisé dans l’Église. Pour ce qui est de cet aspect, je suis conscient que nous avons un travail en continu à faire, c’est pour cela que cette fois, lorsque nous avons pris les inscriptions des jeunes, nous leur avons recommandé de rencontrer un prêtre, religieux ou religieuse pour dire leur motivation.

Le but n’est pas de faire du tourisme, mais de vivre une expérience spirituelle et de rencontrer l’autre pour servir, comme les disciples après Pâques. Ils sont envoyés en mission pour témoigner de la Bonne Nouvelle.

Il y aussi tout un cheminement qui a commencé en septembre de l’année dernière pour aider le jeune à faire un cheminement spirituel, communautaire, mais aussi à discerner s’il est vraiment appelé à y aller. D’ailleurs, au départ, ils étaient beaucoup plus nombreux, mais chemin faisant, certains se désistent, pas uniquement pour des raisons financières, mais aussi parce qu’ils ne se sentent pas prêts à vivre les JMJ.

Les membres de la délégation diocésaine en marche vers le Trou-aux-Cerfs en avril dernier.

Est-ce que justement, il ne devrait pas y avoir un accompagnement pour ces jeunes lorsqu’ils reviennent ?

Oui, je crois que nous aurons à réfléchir comment, au niveau de la Pastorale des jeunes et  de  l’Église,  nous  pouvons  continuer à accompagner ces jeunes. C’est là notre mission. Mais le jeune a aussi la responsabilité de se dire, lorsqu’il reviendra, qu’il est appelé et choisi par le pape François qui l’envoie en mission. C’est important qu’il prenne le message du pape personnellement. Je crois que le jeune qui vivra les JMJ doit se dire, lorsqu’il retourne, qu’est-ce je vais faire de mon baptême ? Comment vivre ma foi de jeune baptisé comme une vocation ?

Lorsqu’on dit vocation, cela ne signifie pas nécessairement que tous les jeunes doivent devenir prêtre, religieux ou religieuse. Mais ils doivent trouver leur place dans l’Église. Nous les aiderons à faire ce cheminement, mais ils ont également leur engagement envers l’Église.

Quel est votre message pour ceux et celles qui se rendront aux JMJ, afin de mieux vivre ces deux semaines à Lisbonne ?

Je crois d’abord que ce qu’ils sont en train de vivre est très synodal. Ils ont commencé à marcher ensemble depuis l’année dernière. J’estime qu’un premier message serait de découvrir ce que les autres cultures vous apportent, mais aussi d’écouter ce que les jeunes des autres Églises vivent. Écouter leur espérance, leurs joies, mais aussi leurs peines et leurs questionnements.

Un deuxième message serait : si tu veux vivre ta foi, tu ne peux vivre cela seul, et comme dit le proverbe, seul je vais vite, mais avec d’autres, je vais loin. Donc, nous croyons que les jeunes doivent être avec leurs pairs. Si nous voulons annoncer l’Évangile, nous ne pouvons pas le faire sans la présence des jeunes. Alors, comment les jeunes évangélisent leurs pairs, c’est quelque chose qui existe déjà dans différents parcours. Mais peut-être qu’ils vont apporter d’autres innovations, une créativité que nous nous n’avons pas encore explorée.

Comment le thème choisi peut-il être un guide et parler aux participants aux JMJ ?

Marie aurait pu avoir une attitude d’orgueil en disant haut et fort que c’est elle la mère du Sauveur, mais elle ne l’a pas fait. De plus, elle ne s’est pas repliée sur elle-même, alors qu’elle faisait face à nombre de problèmes, déjà vis-à-vis de Joseph qui ne comprenait pas comment elle était tombée enceinte avant le mariage. Donc, Marie ne se laisse pas affecter par ces problèmes, mais au contraire, elle devient missionnaire. L’Évangile nous dit :

« Elle se leva et s’en alla avec empressement pour rencontrer sa cousine Elizabeth. » Ce n’est pas rien. La flamme de la foi est tellement forte en elle, qu’elle doit s’ouvrir à l’autre, et je trouve que c’est une très belle image pour le jeune.

Souvent, nou dir ki bann zenn pa kapav res anplas, toultan bizin ena program. Donc, un jeune a bel et bien cette capacité de s’ouvrir et je crois que c’est un grand charisme. Maintenant, comment utiliser ce don pour aller avec empressement vers l’autre ?

Pour moi, les JMJ, c’est un peu cet em- pressement, parce qu’il faudra se bouger, se lever et marcher vite quelquefois, tout en restant ensemble. Dans le groupe qui ira aux JMJ, nous avons également un jeune qui est porteur de handicap, et nous sommes très heureux qu’il soit avec nous. C’est aussi un signe, comme dans le logo du Synode, car nous voyons des personnes en fauteuil roulant. Donc, il est important que ce jeune soit aussi avec nous.

Propos recueillis par Jean-Luc Zama